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Chrétiens d'Orient : des traditions menacées entre exil, guerre et fondamentalisme islamique

À l'origine, le Moyen-Orient était le berceau de la foi chrétienne, une terre sainte et fondatrice. [REUTERS/Dawoud Abu Alkas ]

Ce dimanche 5 mai marque la journée internationale de prière et d'union pour les chrétiens d'Orient. L'occasion de faire le point sur leur condition difficile entre discriminations, exode et rites ancestraux menacés.

Loin des yeux, près du coeur. Ce dimanche 5 mai, tous les chrétiens du monde sont appelés à se réunir dans la prière afin de soutenir leurs frères et sœurs chrétiens d'Orient, dont la présence dans la région est de plus en plus menacée.

Malgré des siècles d'influence islamique, certains maintiennent fermement leur foi. CNEWS a pu s'entretenir avec Marc Fromager, directeur de la communication pour l'association SOS Chrétiens d'Orient et ancien directeur de l'Aide à l'Église en Détresse (AED) pour faire le point.

L'orient, berceau de la religion chrétienne

De l'Ukraine à l'Éthiopie, de la Grèce jusqu'en Inde. Les pays de l'Orient englobent, entre autres le Liban, la Turquie, l'Arménie, la Syrie, l'Irak, l'Iran, la Palestine, Israël et la Jordanie...

«C'est en Orient que le christianisme s'est développé. Les apôtres sont partis de Terre sainte avant d'être envoyés dans le monde», a précisé Marc Fromager. 

En Russie, deux tiers de la population est chrétienne, c'est à dire un peu plus de 100 millions de personnes. Pareil pour l'Ukraine qui compte 25 millions de chrétiens. 

En Égypte, environ 10% de la population est officiellement reconnue comme chrétienne selon les données fournies par les autorités gouvernementales. Ce chiffre symbolique, constant depuis des années, ne reflète pas complètement la réalité. Selon les églises locales, la proportion de chrétiens serait plutôt d'environ 20%.

Au Liban, la proportion de chrétiens était la plus importante parmi tous les pays du Moyen-Orient. Mais le déclenchement de la guerre, qui dure depuis plus de cinquante ans, a provoqué un exode important. Il ne reste désormais qu'environ 30% de chrétiens dans le pays.

L'ascendant de l'Islam

Le Proche et le Moyen-Orient étaient majoritairement chrétiens avant l’arrivée de l’Islam qui, s’étant développé extrêmement rapidement, est devenu la principale religion de ces pays. Au Liban, par exemple, l'Islam est devenu majoritaire depuis les années 1970 seulement. 

«Dans ces pays, l'Islam va au-delà d'une simple religion, formant un ensemble juridico-politique. Les chrétiens subissent diverses formes de discrimination, comme des taxes supplémentaires. Pour alléger leur vie, beaucoup de familles chrétiennes se convertissent au fil des générations».

Selon un tableau général et «même si c’est compliqué de résumer des situations différentes», on assiste a «un affaiblissement visible de la présence chrétienne dans la plupart de ces pays, de manière extrêmement accélérée (10 dernières années)», notamment en Irak et en Syrie.

Des pays fragmentés par la guerre

«Le drapeau d'Arabie saoudite est un sabre, ce n'est pas pour couper les concombres», ironise, non sans garder son sérieux, Marc Fromager. 

Cette zone géographique s'est embrasée notamment à partir des années 1980 provoquant la surenchère de la radicalisation de l'Islam, d'un côté les sunnites, de l'autre les chiites. 

Les interventions occidentales, principalement américaines, ont participé à la fragmentation de ces pays. «Les chrétiens se sont retrouvés perdus au milieu des musulmans. Les tensions géopolitiques de la région ont rendu la vie des communautés minoritaires plus difficile».  

des rites et des traditions en voie de disparition

Alors qu'en France, la religion chrétienne est majoritairement inspirée du rite latin, «parmi les pays d'Orient, on constate une multitude de rites qui sont à la fois une richesse, car ils correspondent à une tradition, et une difficulté pour l'unité de l’Eglise dans cette région».

Entre autres rites orientaux, on retrouve les syriaques, les coptes, les maronites, les grecs melkites, les gréco-catholiques roumains, les ukrainiens, les éthiopiens, les érythréens, les syro-malankars, les syro-malabars et les arméniens.... Ces rites risquent de disparaître mettant «toute une histoire de l'Eglise en péril». 

La véritable question que soulève Marc Fromager est : «Comment se fait-il qu’après 14 siècles d’imposition de l’islam au Moyen-Orient, il reste encore des chrétiens ?»

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