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Européennes 2024 : intentions de vote, enjeux, débats... A un mois du scrutin, les candidats jouent leur va-tout pour remporter la bataille

Jordan Bardella (RN), Valérie Hayer (Renaissance), Raphaël Glucksmann (PS) et Manon Aubry (LFI)ont tous été désignés tête de liste pour les élections européennes de 2024. [@JOEL SAGET / AFP]

À un mois pile du scrutin, la campagne pour les européennes s’accélère. Si le Rassemblement national caracole en tête des intentions de vote, une rude bataille oppose la gauche et la majorité pour s’affirmer en deuxième position. Selon les études, des mesures sur le pouvoir d’achat, la santé ou encore la guerre pourraient faire la différence dans la dernière ligne droite.

La course a commencé. Quelques semaines après le premier grand meeting du RN, c’est au tour de la majorité de passer la seconde, par l’intermédiaire de sa tête de liste, Valérie Hayer, mais aussi du Premier ministre, Gabriel Attal, qui ont tous deux promis «un sursaut» et «un tournant» dans la campagne «pour faire gagner la France et faire gagner l’Europe dans cette élection européenne». En troisième position, la liste emmenée par Raphael Glucksmann gagne du terrain, tandis que Manon Aubry et la France insoumise, à la traîne, tentent de centrer leur campagne sur l’actualité au Proche-Orient. 

Le Rassemblement national vise un score historique 

Largement favori des sondages avec environ 32% des intentions de vote, Jordan Bardella aborde la dernière ligne droite de sa campagne avec une certaine sérénité. Le candidat du Rassemblement national a néanmoins mis en garde, depuis Perpignan, à l'occasion de son dernier meeting, contre l’«abstention» et la «dispersion» des voix à seulement un mois du scrutin. «Ne vous dispersez pas sur des listes patriotes qui ne peuvent pas gagner. Ne vous abstenez pas. S’abstenir, c’est voter Emmanuel Macron. Ne lui offrez pas ce cadeau», a ainsi lancé l’eurodéputé devant une foule acquise à sa cause. 

Dans le viseur de l’élu d’extrême droite, les électeurs tentés par la candidature de Marion Maréchal, mais surtout un objectif : réaliser un score historique en convainquant son électorat de l’importance et de la dramaturgie du scrutin. Pour cela, Jordan Bardella a rappelé ses poncifs, évoquant un «vote de civilisation», qui engage le «destin de la France», et qui sera «décisif pour l’avenir de nos enfants». «Ce 9 juin, c’est un référendum pour ou contre le délitement et l’effacement de la France», a-t-il également résumé, au cours d’un discours de près de quarante-cinq minutes devant environ 2.000 personnes. 

La majorité passe la seconde

Face à ce succès annoncé, la majorité ne baisse pas les bras. Largement devancé par la liste du Rassemblement national et talonné par celle du PS-Place publique dans les sondages, le camp présidentiel, situé autour de 17% des intentions de vote, a tenté de donner un nouveau souffle à sa campagne pour les élections européennes, à l’occasion d’un meeting organisé à la Maison de la Mutualité, à Paris, mardi 7 mai au soir. Le premier ministre, Gabriel Attal, a pris la parole en présence de la tête de liste, Valérie Hayer, afin de galvaniser les militants et tenter de convaincre les électeurs indécis.

«J’ai la conviction profonde que nous lançons aujourd’hui le tournant de cette campagne», a martelé le chef du gouvernement à son camp, avant de déclarer : «Ce n’est que le début, il nous reste quatre semaines pour faire gagner la France et faire gagner l’Europe dans cette élection». Dans des termes semblables à ceux employés par Emmanuel Macron lors de son discours de la Sorbonne, fin avril, Gabriel Attal a fustigé ceux qui «souhaitent être en dehors de l’Union européenne sans plus vraiment l’assumer», ciblant directement le RN et ses revirements depuis 2017 à ce sujet, notamment sur l’euro. 

Le Premier ministre, faisant front commun derrière Valérie Hayer avec tous les ténors de la majorité, Edouard Philippe, François Bayrou, Elisabeth Borne ou encore Stéphane Séjourné - qui figureront tous symboliquement sur la liste, en position non-éligible, et qui sont tous montés à la tribune - a estimé que le parti d’extrême droite avançait désormais avec «un projet masqué», celui des «europhobes anonymes». «Le plus grave, c’est qu’ils ne veulent pas l’assumer, de vouloir tuer l’Europe, et donc d’affaiblir la France», a-t-il assené, dans des mots rappelant, là encore, ceux d’Emmanuel Macron ces dernières semaines.

La gauche divisée 

En tête dans les sondages à gauche depuis des semaines, cible préférée des Insoumis et épouvantail des macronistes à qui il donne des sueurs froides, Raphaël Glucksmann a indéniablement redonné des couleurs à la famille socialiste qui avait frôlé la mort après le score cataclysmique d’Anne Hidalgo à la présidentielle 2022. À un mois du scrutin européen, celui qui est désormais placé autour de 15% des intentions de vote, se voit déjà jouer un rôle prépondérant dans l’élection à venir. 

Avec une campagne basée sur ses fondamentaux : opposition à Vladimir Poutine, Europe, écologie, et lutte sociale, l’eurodéputé entend être le visage en France «d’une gauche qui agit concrètement avec cette posture de fermeté», a-t-il martelé lors de son dernier meeting à Strasbourg, précisant que sa vision repose sur quatre principes : «mieux se protéger, mieux se soigner, mieux se loger, mieux se nourrir». Une vision qui séduit, notamment les jeunes, à gauche, mais aussi chez les sympathisants de la majorité, avec qui l’écart ne cesse de resserrer ces dernières semaines. 

À l’inverse de la France insoumise, dont le décollage patine avec 8,5% des intentions de vote, qui a choisi de placer le conflit israélo-palestinien et la situation à Gaza au centre de sa campagne européenne pour cibler, selon le parti, les jeunes et les quartiers populaires. Emmenée par Manon Aubry, la tête de liste, mais surtout par Rima Hassan, juriste et activiste franco-palestinienne, investie en septième position (donc possiblement éligible), la campagne LFI consiste principalement à utiliser l’actualité brûlante du Proche-Orient pour se démarquer de ses adversaires. 

Si cette stratégie trouve des échos, notamment chez les jeunes, à l’image des étudiants qui ont bloqué plusieurs universités, dont Sciences Po Paris, ces dernières semaines, elle n’en demeure pas moins risquée, fracturant chaque jour un peu plus la Nupes, et éclipsant les thèmes de prédilection de la tête de liste, Manon Aubry, spécialiste de l'évasion fiscale et des inégalités sociales. Des thématiques pourtant chères à la France insoumise, tout comme l’écologie, qui sont au coeur des préoccupations des Français. 

Des thématiques et des débats 

Et justement, des préoccupations, les Français en ont. À mesure que la campagne s’accélère, les grandes thématiques de ces élections européennes commencent à se préciser, marquant de profondes différences entre les candidats. Selon une enquête réalisée par la société d’études BVA Xsight, les principaux sujets d’inquiétudes des habitants de l’Union européenne sont la santé, la guerre, le pouvoir d’achat et l’environnement. Des thématiques clé qui devraient influencer grandement le vote des Français. 

Selon les résultats du sondage, la France a été le seul pays de l'Union européenne à placer le niveau du revenu et le niveau des prix du marché comme premier enjeu pour les élections européennes. Cette thématique a ainsi obtenu 40% des votes des sondés habitant dans l’Hexagone. 75% des Français ont par ailleurs estimé que la situation économique du pays s’était aggravée, contre 63% des Européens. 

En plus du pouvoir d’achat, les Français ont indiqué être préoccupés par la thématique de la gestion de la santé publique, en deuxième position, mais aussi par la guerre, et notamment le conflit entre l’Ukraine et la Russie. Il s’agit de la troisième cause d'inquiétude la plus citée. Enfin, c’est le changement climatique qui se place en quatrième position, largement cité par les plus jeunes sondés. 

Pour aider les Français dans leur décision, plusieurs débats seront organisés dans les prochaines semaines, à commencer par celui, très attendu, qui opposera Jordan Bardella à Gabriel Attal, le 23 mai prochain sur France 2. À quelques jours des élections européennes du 9 juin, le Premier ministre et le président du Rassemblement national aborderont les grandes thématiques de ce scrutin, dont le résultat fera office d'indication quant à la trajectoire de la France en 2027. 

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