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JO 2024 : «Aujourd'hui les locataires attendent que les prix baissent», estime Joffrey Ichbia, cofondateur de Checkmyguest

Les prix des locations saisonnières à Paris durant la période olympique devraient être multiplié par 3 ou 4 en moyenne, par rapport aux années précédentes. [©Kindel Media/pexels]

À un peu plus de deux mois de l'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, le marché locatif s'active dans la capitale. CNEWS s'est entretenu avec Joffrey Ichbia, cofondateur de Checkmyguest, acteur incontournable de la gestion locative en Ile-de-France.

Avec plus de 15 millions de visiteurs attendus dans la capitale cet été pour assister aux épreuves des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, l'heure est à la réservation de logements. CNEWS a pu s'entretenir avec Joffrey Ichbia, co-fondateur de Checkmyguest, une société qui accompagne les propriétaires dans leurs gestions locatives. Si d'ordinaire l'entreprise se tourne plutôt vers des investisseurs immobiliers, à l'approche de l'événement, elle a déployé une offre destinée aux particuliers, pour les accompagner clef en main vers la location de leurs biens immobiliers durant les JOP 2024. 

«Nous avons été assez sollicités par notre réseau afin de gérer des locations durant cet été. En réaction, on a déployé un service pour les Franciliens qui souhaitent tirer profit de cette opération, afin de les accompagner du mieux possible. Côté pratique, nous passons nos annonces via des plates-formes comme Airbnb, Booking.com ou encore Expédia, et directement sur notre site Travel.Checkmyguest.fr, sur lequel on retrouve tous nos logements disponibles à la location», a expliqué Joffrey Ichbia. 

Pour les propriétaires qui louent leur logement pour la première fois, proposez-vous un dispositif de sécurisation particulier ? 

«La première question que posent les propriétaires est de savoir comment cela se passe s’il y a des dégâts dans leur appartement. En fonction des plate-formes avec lesquelles on travaille, les garanties peuvent être différentes. Nous avons donc décidé pour cette période des Jeux olympiques d'inclure dans notre offre un constat réalisé par un huissier, à partir du moment où l'on récupère l’appartement pour la première location», a expliqué le co-fondateur de Checkmyguest, qui ajoute que les équipes en interne sont «formées pour constater les éventuels dégâts», même si dans «99,9% des locations, les choses se passent bien». 

Sur la période olympique, quelle est la tendance chez les locataires ? Quelle est la durée moyenne des locations déjà enregistrées sur votre plate-forme? 

«On constate plutôt des locations de moyenne durée, soit entre 5 et 10 jours. Nous pouvons fixer le nombre minimum de nuits par séjour, et pour le moment on ne loue pas pour moins de cinq jours. Cela permet de sélectionner des profils de personnes qui vont séjourner un peu plus longtemps. Fixer une durée minimum pour le séjour durant les Jeux olympique nous permet également d’éviter les trous sur la période». 

Y a-t-il un encadrement des prix concernant les locations saisonnières cet été ? Récemment encore, l'idée de multiplier l'offre par dix était évoquée par plusieurs propriétaires pour dégager un maximum de profit. Où se situe la réalité du marché ? 

«Non, les prix des locations sont fixés par le rapport entre l’offre et la demande. Ce qui est sûr, c’est que les très beaux appartements parisiens vont très bien se louer. Si on compare avec les prix des locations au mois d’août dernier, on tend vers un prix multiplié par 3 ou 4, cet été. Si on compare aux précédents Jeux olympiques, comme à Rio ou à Londres, on était déjà autour de ces multiplicateurs-là.

Ce n'est pas du fois 10, mais ça reste des sommes importantes

«Il faut comparer ce qui est comparable. Prenons l’exemple d’un appartement de 100 m2 dans le 16e arrondissement. Avec trois chambres et éventuellement un canapé convertible dans la pièce de vie, on estime un prix de location fixé entre 1.200 et 1.500 euros la nuit. Avec cette configuration, huit personnes peuvent séjourner dans l'appartement. Ce qui reviendrait à 150 euros par nuit et par personne, là où quatre chambres d'hôtel coûteraient potentiellement plus cher sur la période». 

Est-ce que les zones proches des sites olympiques sont privilégiées pour les locations ?

«Les zones proches des sites olympiques ont été évidemment fortement demandées, notamment par les délégations ainsi que les médias». Pour Paris, cela concerne les alentours de la Place de la Concorde, du Parc des Princes, de Roland-Garros, de la Porte de Versailles, de l’Adidas Arena (Porte de la Chapelle), du Grand Palais, de Bercy ainsi que de la zone Trocadéro et Tour Eiffel. 

«En conséquence, le taux d’occupation dans ces endroits est et sera assez élevé. On n’a, pour l’instant, pas l’impression que les visiteurs vont forcément privilégier ces quartiers pour louer. Ceci étant, on a constaté qu’à Versailles, où se dérouleront les épreuves de pentathlon et les épreuves équestres, les appartements sont très bien loués», a ajouté Joffrey Ichbia. 

Une sorte de concurrence déloyale est-elle envisageable, avec des propriétaires qui baisseraient volontairement le prix de leurs biens pour les louer plus facilement ? 

«Je ne pense pas qu’il y ait un véritable intérêt à opter pour cette stratégie. Ce serait une perte d’argent pour le propriétaire et évidemment, ce n’est pas parce que toutes les locations n’ont pas été ficelées aujourd’hui, que le calendrier ne sera pas bouclé au 1er août», estime le chef d'entreprise. 

«Les voyageurs attendent que le marché locatif se régule un peu en termes de prix. Les propriétaires pensaient que les biens se loueraient très cher, donc ils ont d'abord fixé un prix bien au-dessus du marché. Mais c’était trop cher pour les locataires, qui ont alors patienté. Le marché s’est cristallisé, et dès que l’on observe les premières baisses de prix, on voit tout de suite que les locataires réservent». 

Aujourd'hui, le pouvoir est dans les mains des futurs locataires qui attendent que les prix diminuent

«C’est vraiment une question de prix aujourd’hui. Lorsqu'ils seront plus bas, les voyageurs se diront que s'ils ne réservent pas maintenant, les prix risquent de remonter. Cela étant, à un moment donné il ne restera plus beaucoup d’offres sur le marché, et si le locataire ne boucle pas sa réservation avant une certaine date, les prix pourraient repartir à la hausse». 

Louer son appartement et télétravailler sur son lieu de vacances ? 

Avec les opportunités pour les Parisiens et Franciliens de louer leurs biens immobiliers aux touristes venus des quatre coins du monde pour profiter des Jeux olympiques et paralympiques, qui s'ouvriront officiellement le 26 juillet prochain, certains d'entre-eux seraient même capables de chambouler leurs plans, quitte à télétravailler hors de la région parisienne.

C'est une hypothèse traduite par les chiffres fournis à CNEWS par Abritel. Selon une récente étude menée par OnePoll pour l'entreprise spécialisée dans la location de biens immobiliers, sur 1.000 Parisiens sondés, 60% assurent qu'ils auront «très probablement recours au télétravail» cet été.  

Dans le détail, 23% d'entre-eux affirment même vouloir combiner télétravail et vacances «pour rester le plus longtemps hors de la capitale pendant le cœur de l'été». Plus précisément, 12% de ces Parisiens désireux de télétravailler hors de la capitale se disent prêts à dépenser davantage par rapport aux années précédentes pour réserver un logement hors de la ville. 

Pour les plate-formes et entreprises spécialisées comme Checkmyguest, ces habitants en quête de calme durant l'été prochain pourraient ainsi être de futurs clients s'ils venaient à louer leurs résidences principales sur la période olympique. 

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