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Qui était la romancière antillaise Maryse Condé, qui sera célébrée par Emmanuel Macron ce lundi ?

Deux jours après son décès, une tribune de personnalités a appelé à lui rendre un hommage national. [CLEMENT MAHOUDEAU / AFP]

Une cérémonie en l'honneur de Maryse Condé aura lieu ce lundi 15 avril à la Bibliothèque nationale de France, en présence du président de la République. Qui était cette figure emblématique de la littérature francophone contemporaine, décédée le 2 avril dernier ?

Une grande dame des lettres célébrée dans le temple du savoir. Emmanuel Macron a choisi de rendre hommage à l'écrivaine Maryse Condé, décédée le 2 avril dernier. Le chef de l'État présidera la cérémonie ce lundi 15 avril, à la Bibliothèque nationale de France.

Une décision qui honore la reine des lettres guadeloupéennes, née Marise Liliane Appoline Boucolon, le 11 février 1934, dans la ville de Pointe-à-Pitre. Elle était issue d'une famille aisée de huit enfants et fut élevée par sa grand-mère, une figure importante qui influencera son travail littéraire. Elle poursuivit ses études primaires et secondaires à Pointe-à-Pitre, avant de partir en France pour ses études supérieures où elle dut faire face au racisme de l'époque, tout en renouant avec ses origines antillaises.

Après avoir obtenu une licence de Lettres Modernes à la Sorbonne, elle a poursuivi ses études à l'Université de Paris III, obtenant un diplôme d'études supérieures en sociologie de la littérature.

Une grossesse traumatisante

À Paris, en 1955, la jeune femme a dû s'occuper seule de sa grossesse après le départ prématuré de son premier amour, Jean Dominique, qui l'a abandonnée pour retourner dans son pays. Elle a donné naissance à un fils, Denis Boucolon, son premier enfant, le 13 mars 1956. Marquée à vif par cette épreuve, elle a abordé le sujet le sujet sans détour dans le roman «La Vie sans fards».

Toutefois, une seconde rencontre lui a finalement permis d’épouser son futur mari, l’acteur guinéen Mamadou Condé, avec qui elle aura plusieurs filles avant leur séparation sans divorce.

Maryse Condé a parcouru l'Europe, mais elle a surtout voyagé en Afrique pour une vie d'aventure et de transmission de connaissances, particulièrement en Côte d'Ivoire, en Guinée, avant de s'installer au Ghana, où elle a écrit son premier roman, Heremakhonon, paru en 1976. Un livre qui aborde les thèmes de l'identité et de la recherche de soi, à travers l'histoire d'une femme guadeloupéenne en quête de son identité en Afrique. Pendant un certain temps, elle a également vécu à Londres, où elle a notamment travaillé pour la BBC Afrique.

Après avoir exercé en tant que traductrice au Sénégal, la Guadeloupéenne est revenue à Paris pour renouer avec l'écriture à travers le théâtre, largement influencée par ses voyages et l'héritage colonial rencontré dans les différents pays visités. Au cours des décennies suivantes, Maryse Condé a rédigé une vingtaine de romans, des pièces de théâtre, des essais et des recueils de nouvelles. Son œuvre explore les effets de la colonisation, les conflits raciaux et culturels, ainsi que les combats des femmes et des minorités.

Parmi ses œuvres les plus célèbres, «Ségou» en 1984, une saga historique en deux volumes située au Mali, ou encore «Moi, Tituba sorcière... noire de Salem», publié en 1986, retraçant l'histoire de Tituba, une esclave noire accusée de sorcellerie lors des procès de Salem.

Une plume mondialement reconnue

En 2019, la romancière a reçu la Grand-Croix de l’ordre national du Mérite pour son œuvre, mais n'a jamais remporté de prix Nobel, malgré un Nobel «alternatif» reçu en 2018 à Stockholm. Elle a également reçu le Prix Marguerite Yourcenar, le Grand Prix de la Francophonie de l'Académie française, et le prix New Academy de littérature en 2018.

Les thèmes abordés dans sa littérature l'ont menée aux États-Unis, où elle a enseigné dans des institutions renommées telles que l'Université Columbia, l'Université de Californie à Berkeley et l'Université de Virginie.

Atteinte d'une maladie neurodégénérative, elle s'était retirée en Provence, d'où elle a dicté son dernier manuscrit à une amie, «L'Evangile du nouveau monde», sa réécriture du Nouveau Testament, transplanté en Guadeloupe.

Deux jours après son décès, le 2 avril 2024, à l'âge de 90 ans, au centre hospitalier d'Apt (Vaucluse), une tribune de personnalités, dont Jean-Marc Ayrault, Christiane Taubira, Leïla Slimani et Omar Sy, a appelé à lui rendre un hommage national, qui lui a donc été accordé le jour suivant par le président de la République.

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