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Violences éducatives ordinaires : une campagne sur la «transmission transgénérationnelle» lancée ce mardi

Infligées à des enfants sous prétexte d’éducation, les violences éducatives ordinaires sont encore souvent banalisées, tolérées et parfois même encouragées en son nom. [AdobeStock/Pixel-Shot]

L’association StopVEO lance ce mardi 23 avril une campagne de prévention contre les violences éducatives ordinaires. Physiques, verbales ou psychologiques, ces violences ont un impact dangereux sur la santé des enfants qui la subissent.

«Refusons l’héritage de la violence !». Voici le message délivré par la campagne vidéo «L’héritage», lancée dès ce mardi 23 avril par l’association StopVEO, qui lutte contre les violences éducatives ordinaires.

La vidéo diffusée dès ce matin sur les réseaux sociaux de l’association illustre une lignée de quatre générations d’hommes issus de la même famille.

Au centre de cette campagne figure une main - celle qui frappe, menace ou agrippe - représentée de façon proéminente, tout au long de l’extrait.

Le but, alerter sur le cercle infernal, conscientisé par le dernier personnage de la vidéo lorsqu'il est sur le point de devenir papa. Ce dernier a vécu les violences éducatives de son père, qui les avait lui-même vécues de son propre père, que l’on imagine également victime à l’enfance, par le biais d’une photo ancienne, montrant la photo d’un père à la main protubérante.

«Ne laissons pas la violence faire partie de notre histoire», peut-on ainsi lire dans la conclusion de la vidéo de 2 minutes 47, dont la version réduite sera diffusée sur les chaînes des principaux groupes télévisés (TF1, France Télévisions et Canal +).

«Pas des mini-adultes à dresser»

Avec cette campagne, StopVEO souhaite faire prendre conscience d’un schéma de «transmission transgénérationnelle de la violence» : «Il exprime les coups, les humiliations subies, et le poids porté par les enfants. Ce poids pèse dans leurs vies d’adultes, et ils n’ont d’autre choix que de le transmettre, eux-mêmes, à leurs fils», indique le communiqué.

Les violences éducatives ordinaires englobent un ensemble de violences physiques, verbales et psychologiques - fessées, gifles, humiliations, paroles dévalorisantes. Infligées à des enfants sous prétexte d’éducation, elles sont, encore de nos jours, souvent banalisées, tolérées et parfois même encouragées en son nom.

À l’origine, se trouve «une considération erronée que nous avons des enfants», déplore Gilles Lazimi, président de StopVEO : «Ce ne sont pas des mini-adultes à dresser mais des être non-finis, en développement, à accompagner et à éduquer», a-t-il estimé.

Un terrain propice à d'autres violences

L’association StopVEO fait un travail quotidien de formation auprès des professionnels, mais aussi d’accompagnement auprès des parents par le biais d’ateliers de soutien : «Non, ils ne perdront pas leur autorité, non ce n’est pas du laxisme et non ça ne conduira pas leurs enfants à les écraser», martèle Céline Quelen, directrice générale de l’association.

«Être parent n’est pas facile. On est parent avec l’enfant que l’on a été», appuie Gilles Lazimi, président de StopVEO et médecin.

C’est la raison pour laquelle l’association ne tient pas à avoir une posture diabolisante mais aidante, afin de leur faire comprendre que leurs violences sont dangereuses, et qu’elles peuvent préparer le terrain pour d'autres abus, notamment sexuels, perpétrés par d’autres adultes du cercle familial ou proche.

«Si sous couvert d’éducation on se permet d’être violent, on induit à son enfant que l’adulte a tous les pouvoirs et que sa parole à lui ne vaut rien. Son estime et sa confiance en lui vont baisser et il va se soumettre», alerte Céline Quelen.

«Puis le jour où cet enfant, qui n’ose rien dire face à des violences éducatives répétées, se retrouvera devant Papi qui lui dira “baisse ta culotte”, il ne saura ni dire “non”, ni en parler, car il n’aura aucune notion d’intégrité de son corps», a-t-elle poursuivi.

Le «droit de correction» banni depuis 2019

Selon la loi du 10 juillet 2019, l’éducation d’un enfant doit obligatoirement être non-violente. StopVEO espère toujours voir le gouvernement adopter des mesures d’accompagnement de cette loi.

D’un revers de main, elle balaie en principe le «droit de correction», un héritage du XIXe siècle - concernant les enfants, mais aussi les femmes - qui autorisait les juges à ne pas sanctionner les auteurs de violences, si celles-ci avaient été infligées à des fins éducatives, étaient proportionnées à l’écart de conduite commis, et ne laissaient pas de traces physiques et psychologiques.

Sauf que «on sait aujourd’hui par l’apport des neurosciences ça laisse des traces psychologiques», précise Céline Quelen.

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